L’école maternelle Saint Joseph : la rencontre avec Jeux de Regards
- Sidina
- 19 août 2020
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 août 2020

Jeux de Regards a nouvellement été introduit à l’école maternelle Saint Joseph, située à Eau Coulée. L’école a été créée en 1965 par Denise Ambroise, la tante de la directrice actuelle Brigitte Ramasawmy. Cette dernière a repris l'école en 1986.
L'école maternelle compte aujourd'hui 55 enfants, dans 3 classes distinctes dirigées chacune par un enseignant. Elle est l’une des premières écoles maternelles à accueillir Jeux de Regards dans l’apprentissage des enfants, et c’est la classe de Dominique Quatre Bornes qui en a fait la découverte.
Il est intéressant de noter que l’école maternelle a été celle de Charlène, quand elle était en pré-primaire. Il y a 23 ans… Dominique, elle-même, était son enseignante. Puis devenue professeur à son tour, Charlène s’engage dans l’association Sidina en tant qu’intervenante Jeux de regards.
Et l’histoire continue… Charlène s’y est rendue récemment pour faire découvrir l’outil Jeux de Regards et une étroite collaboration s’est construite entre la directrice, l’enseignante et elle. Le temps d’une rencontre, elles nous parlent de leurs vécus et de celui des enfants de l’école dans la découverte d’outils pédagogiques.
Vous avez acquis le matériel Jeux de Regards l’année dernière. Qu’est-ce qui a fait que vous avez décidé de franchir ce pas et de faire confiance au programme ?
Pourquoi ce choix ?

Brigitte Ramasawmy : Lorsque Charlène est venue pour la première fois me proposer l’outil Jeux de Regards, j’étais curieuse ; je voulais savoir ce que c’était. Elle nous avait fait une petite démonstration et c’est à partir de là que j’ai vu que c’est vraiment intéressant pour les enfants.
C’est très différent de notre programme scolaire. Malgré tous les cours qu’on a suivis et tout ce qu’on a appris comme méthode de travail avec les enfants, que ce soit du côté du ministère ou du privé, on n’a jamais eu quelque chose de semblable. Cette année-ci, j’ai même demandé à Charlène qu’elle refasse le programme avec les enfants de dernière année.
Vous avez expérimenté une partie de l’outil cette année. Comment l’outil a-t-il été reçu et vécu ?
Brigitte Ramasawmy : Dominique et moi, nous avons suivi les ateliers de Jeux de Regards. Quand Charlène a commencé le programme, j’ai été témoin d’une transformation chez les enfants. Ils étaient excités les jours que Charlène allait venir et même en son absence lorsque Dominique a continué le programme. Les enfants étaient ancrés dans le travail, ils étaient bien contents.
C’est aussi l’approche utilisée – le fait de commencer avec les ‘voyelles’ et la rencontre avec les 6 amis virtuels. C’est différent de notre façon de faire. Les enfants étaient émerveillés. Ils apprenaient vite. Je peux dire que 95% des enfants ont assimilé. L’outil est très enrichissant.
J’ai également remarqué que les enfants ont grandi avec le programme et ont acquis plus d’autonomie. Ils sont devenus plus responsables et apprennent à respecter l’autre, grâce à l’utilisation du bâton de parole, entre autres. Mise à part le progrès académique, les enfants ont acquis les valeurs transmises à travers les chansons de l’outil. Ils ont facilement et rapidement mémorisé les paroles des chansons.
J’ai questionné les parents et c’est comme cela que je me suis rendue compte que les enfants ont parlé du programme chez eux. Les enfants créent un lien non seulement avec l’outil mais aussi avec les autres, les profs, les camarades de classe et les parents.
Nous continuons le travail toute la semaine et cela nous aide avec les enfants. Ils sont plus tranquilles. Je trouve que cette méthode peut aussi nous aider dans l’enseignement d’autres sujets tels que le Catéchisme.
Selon vos observations, qu’est-ce qui intéressait le plus les enfants ?
Brigitte Ramasawmy : Les enfants sont curieux de nature. Donc, à chaque fois que Charlène commençait le programme, j’ai remarqué qu’ils étaient dans l’attente de ce qui allait se passer par la suite.
C’est vraiment apprendre en s’amusant… même pour nous.


Vous avez utilisé l’outil depuis un mois. Parlez-moi de votre ressenti et de vos observations avant, pendant et après le programme ; par rapport à votre vécu en tant que prof et surtout celui des enfants.

Dominique Quatre Bornes : Il y a certes une différence entre notre façon de faire et la méthode de travail qui accompagne l’outil Jeux de Regards.
Avant le programme, on venait et on faisait ce qu’on avait à faire. C’était plus difficile de travailler les voyelles avec les enfants. Mais, l’outil a donné un sens à l’enseignement et à l’apprentissage. Par exemple, la façon de raconter l’histoire et de manier le livre pendant la lecture est différente et attire l’attention des enfants.
Pendant tout le programme, les enfants étaient curieux. Même moi, je l’étais. L’outil les a bien aidés :
Je pense à Léo – Il est hyperactif et a besoin de bouger tout le temps. Mais depuis l’introduction de l’outil en classe, j’ai vu un changement chez lui. Il commence à être conscient quand il doit ou pas prendre la parole.
Je pense aussi à une fille qui avait des soucis de prononciation avec la lettre ‘e’. Elle disait ‘o’ à la place. Depuis le programme, elle commence à mieux prononcer la lettre ‘e’, lorsqu’elle est amenée à dire les noms des personnages de l’histoire, par exemple, Estelle.
Aussi, grâce au programme, j’ai vu que les enfants sont devenus plus disciplinés.
L’outil Jeux de Regards permet un suivi de l’apprentissage.
Qu’est-ce que le programme vous a apporté professionnellement et personnellement ?
Dominique Quatre Bornes : L’outil m’a permis de sortir de ma routine. C’est une nouveauté. C’est une nouvelle façon de faire. Le programme m’a beaucoup aidée et continue de m’aider dans ma vie de tous les jours. Je n’hésite pas à demander un avis à Charlène ; il y a un partage de connaissance et cela permet de mieux avancer.
Tu as travaillé en collaboration avec la professeur, qu’as-tu vu de ton côté? Quel a été ton ressenti par rapport à l’utilisation de l’outil avec les enfants ?

Charlène Kong Chee Ting : J’ai été à l’école pendant deux années consécutives et je peux dire qu’avec plus d’implication de la part de la prof de la classe, cela m’a beaucoup aidée. Avec le support de l’autre, il y a eu plus d’évolution au niveau de l’apprentissage. C’était plus fluide.
Dès l’introduction de l’outil, malgré quelques petites appréhensions que j’ai pu avoir au début, j’ai vu que les enfants étaient captivés par le programme.
Une petite fille m’a particulièrement touchée : Sia, mignonne. Elle présentait un trouble du langage. Au début, elle semblait distraite et n’arrivait pas à écrire son prénom sans modèle. Mais grâce au programme, elle a pu faire un effort dans ce sens, et elle ose parler et demander des choses. Son vocabulaire s’est amélioré. Elle a beaucoup évolué avec le programme.
Il y a encore d’autres enfants qui ont progressé grâce à l’outil. En général, les enfants sont plus épanouis ; ils osent parler et demander. Ils sont autonomes, ils peuvent faire une tache seuls, par exemple, le dessin et le coloriage. Il y a eu beaucoup d’amélioration et cela a amené un changement au niveau même de l’école. La directrice et la prof peuvent en témoigner.
J’ai vu que les enfants ont créé un lien avec l’outil, surtout avec les 6 amis que l’outil leur présente; ils s’exprimaient avec les cartes et avec les posters qu’ils semblaient beaucoup affectionner.
Il y avait une bonne collaboration de la part de la prof et de la directrice. Elles étaient présentes et m’aidaient pendant les ateliers. Cela m’a permis d’avancer dans mon travail. J’ai aussi remarqué que Dominique avait fait une intégration de différents sujets tels que la conversation, le chant, l’oral, les mathématiques dans Jeux de Regards.

Jeux de Regards nous a permis de resserrer les liens entre nous. Il y avait une bonne entente et c’est ce qui a fait que cela s’est bien passé en ce qui me concerne. Et j’insiste sur le fait que c’est important d’avoir la collaboration de tout un chacun pour le bon déroulement du programme.
Vous avez cru en ce programme… Vous pouvez m’en dire plus.
Brigitte Ramasawmy : En général, les enfants n’ont pas envie d’apprendre, s’il y a trop de pression. La méthode de travail avec les enfants devrait changer à Maurice. Quand les enfants quittent l’école maternelle pour le primaire, on arrive difficilement à combler le fossé entre le pré-primaire et le primaire. Les enfants changent complètement d’environnement et c’est ce qui les déstabilise. Le programme permet de faire la transition.
Jeux de Regards touche l’enfant qui est en nous, et je suis d’avis que c’est ce qui nous permet, à notre tour, d’aider l’enfant dans son apprentissage.
Jeux de Regards…c’est un peu comme un rêve que les enfants voient se réaliser.


Note : Les noms des enfants ont été changés afin de préserver leur identité.



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