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Jeux de Regards : La ‘petite école’ de vacances aux valeurs universelles à Baie du Tombeau.

  • Sidina
  • 31 déc. 2020
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 22 août 2021

Aux abords de l’église et du Couvent des Sœurs du Bon Pasteur à Baie du Tombeau, j’entrevois une nature timide qui invite au calme. Je pousse le portail pour faire mes premiers pas dans la cour, le cœur joyeux à l’idée de cette nouvelle aventure. A travers les arbres, je perçois la baie qui se dévoile, peu à peu, à chacun de mes pas. Il y a un silence purificateur et libérateur. C’est une découverte authentique de ce lieu.


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Le temps me semble suspendu. Et soudain, surgissent des petits pieds innocents de l’arrière de l’église, me rappelant avec plaisir ce pour quoi je suis présente : je viens à la découverte d’une ‘petite école’, cachée derrière cette même église, qui accueille des enfants du village. Charlène, l’intervenante de Jeux de Regards, vient me saluer avec gentillesse. Elle m’invite à rentrer dans la salle de classe.



Je découvre une salle d’œuvre à l’allure d’une salle de classe. Je suis agréablement surprise par les couleurs et les formes des divers matériels pédagogiques, servant à l’apprentissage des enfants, qui sont exposés dans la salle. J’aperçois sur les murs, le tableau et les étagères : les posters des émotions, des jours et des mois de l’année, de l’alphabet, des chiffres et des 6 amis, les carnets de travail, les cahiers d’anniversaire, les livres ‘Jeux de Regards’, et d’autres supports pédagogiques pour les ateliers d’écriture, de lecture, de découpage, de collage et de dessin.


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Les élèves de la ‘petite école’ m’accueillent pour la première fois avec politesse. Je me présente à la classe et je me fais aussitôt toute petite pour observer, sans gêner, le déroulement de celle- ci. La matinée de vacances de ces enfants défile devant mes yeux admiratifs. Tel un film qui se joue pour un public qui voit avec le cœur, je vous dévoile les scènes de cette vie, bien réelle, d’enfants qui vivent des soucis familiaux et financiers, et qui se révèlent être de véritables combattants dans leur apprentissage :


Une atmosphère de convivialité règne dans la pièce. Après le petit déjeuner, la classe commence avec des principes de vie, tels que la salutation à l’enseignante, aux camarades de classe et à l’invitée, et continue avec l’éveil des sens à travers une activité, le rappel des règles du bâton de parole et du jour actuel, et l’expression des émotions ressenties : la colère, la curiosité, la tristesse et la joie se font librement entendre. Ils passent ensuite au suivi d’un travail effectué précédemment pour les cahiers d’anniversaire.


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Ces derniers contiennent non seulement la date d’anniversaire de l’enfant, mais également des dessins de gâteaux et de décorations. Cela leur permet aux élèves de travailler la mémorisation en se rappelant l’anniversaire de l’autre, et aussi de connaître et de valoriser leurs camarades de classe. Les enfants sont heureux et satisfaits de ce travail, cela s’entend dans leurs échanges avec Charlène. Cette dernière passe après à une autre activité sur le thème des 6 amis. A noter que la dite activité est adaptée selon les capacités de l’enfant. Ils sont mis dans 2 groupes différents et l’enseignante gère attentivement tous les enfants. Les grands travaillent en autonomie pour construire des phrases sur les 6 amis, développant ainsi leur vocabulaire et leur grammaire. L’activité leur donne confiance en eux-mêmes. Pendant ce temps, l’enseignante s’occupe des plus petits et aussi des grands qui ont besoin de soutien. L’apprentissage se fait alors à l’aide de l’outil ‘Le dé des 6 amis’, qui contient un ami sur chaque face. L’enfant lance le dé, identifie l’ami et écrit le nom de ce dernier avec l’aide de l’enseignante et des étiquettes de noms collés en classe. La classe devient, à son tour, un outil d’apprentissage. L’enseignante leur demande ensuite d’identifier les voyelles dans les noms écrits, et les invite à décorer leurs papiers après l’exercice. Les enfants utilisent différentes couleurs et divers graphismes, et développent ainsi leur créativité, en sus de leur écriture et leur grammaire. Les grands, qui terminent leur travail, font aussi un dessin ou aident leurs camarades. Ils sont appliqués et soigneux. Ils corrigent leurs erreurs avec assiduité, sous le guide de Charlène. Les cahiers de travail sont propres et le matériel d’apprentissage est utilisé dans le respect par les enfants. Dépendant de la nature des activités, une partie du travail continue à la maison à l’aide d’un petit carnet que les enfants ramènent chez eux et qui contient un lexique de nouveaux mots appris en classe. Vers la fin des activités, les enfants montrent davantage d’ouverture, en s’approchant de moi de leur plein gré, pour me présenter avec contentement leurs travaux.


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En fait, les parents sont parties prenantes du programme Jeux de Regards, dès le début. Leur contribution, dans l’apprentissage de leur enfant, est prise en compte et valorisée à travers le programme ; ils sont invités à encourager ces petits à continuer le travail quotidien à la maison, en attendant la prochaine rencontre dans la ‘petite école’ de ‘ma sœur', comme aime dire une des élèves. Interrogée sur le sujet, la maman d’une petite fille m’avoue : « Pou mwa mo trouv li byin bon ; kifer parski mo pa tro konn lir, seki mo pa pe kapav fer, program la pe fer li pou mo zanfan pou li aprann. Linn bien ameliore, li konn eple so bann mo... ».

Cette maman, pour qui la valeur de cet apprentissage semble inestimable, laisse entendre dans sa voix une profonde reconnaissance. D’ailleurs, cette reconnaissance, venant des parents, s’est fait davantage sentir le dernier jour lorsque, comme tous les ans, il y a un déjeuner réunissant Charlène, les parents, les enfants et tous les acteurs du projet. Cela s’est passé quelques jours après ma visite et a permis un temps d'échange avec les parents. Comme me relate Charlène, les parents ont assisté à une présentation sur les progrès et les travaux de leurs enfants par rapport au programme. Ils ont par la suite pu exprimer leur appréciation du travail accompli durant les vacances et ont été très touchants dans leur propos, me dit Charlène émue. Cette journée, haute en émotion, s’est terminée avec une remise de cadeau à tous les enfants, ce qui les a rendus heureux et fiers d’eux-mêmes.


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« Ce geste, avant Noël, représente une excellente opportunité pour nous de récompenser les efforts que ces enfants ont fournis tout le long du programme », nous dit Charlène. Derrière ces scènes d’espoir, il y a bien des combats que mènent les enfants. Je me rends compte que cette ‘petite école’ de Jeux de Regards, en valorisant l’enfant, en lui offrant l’opportunité d’avancer, en lui inculquant les valeurs universelles telles que le partage, le respect, l’ouverture vers l’autre sans jugement, l’amitié, la persévérance et la coopération, permet aux enfants de développer leur potentiel et l’estime de soi. Ils sont armés d’outils pour vaincre les étiquettes qui leur sont collés à cause de leur milieu familial et environnemental. Ce qui m’amène à penser qu’il suffit d’une bonne dose de volonté, de collaboration, de générosité et de détermination pour relever les défis qui se posent avec un tel projet. Petit clin d’œil à Sœur Nicole, grâce à qui la ‘petite école’ a pu prendre place. Je trouve également admirable Françoise et sa petite équipe de bénévoles, qui ont préparé et distribué le petit-déjeuner et le déjeuner aux enfants tous les jours pendant toute la durée du programme à Baie du Tombeau.


Ma venue dans cette ‘petite école’ me permet de dire humblement que Jeux de Regards a pour mission de croire en l’enfant en lui donnant toutes les chances de réussir, sans préjugé. Digne tâche vis-à-vis d’une humanité souvent brisée...


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Krystel Duval

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