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Krystel Joseph Duval nous parle de Jeux de regards

  • Sidina
  • 4 juil. 2020
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 16 août 2020


Une belle découverte pour l'éducation primaire.

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Tout au long de ma formation d’enseignante holistique primaire, il était question de placer l’apprenant au centre de son éducation, en prenant en compte les différents domaines et types d'apprentissage. J’ai pu apprécier la profession d’enseignante à travers l’observation de l’environnement et du fonctionnement scolaire, et suivre les enseignants dans la pratique de leurs classes. Une belle découverte faite pendant mon observation fut le programme Jeux de Regards, développé par Karine Gougerot pour l’apprentissage de la langue française à travers la photographie.


Dans le texte de Pierre Rannou (1998), ‘Du spirituel en 'photographie’, l’acte photographique y est référé comme « une opération visant à capter l’essence même de la vie ; un morceau de vie que le cliché conservera intacte ». Eduquer un enfant, c’est le préparer à la vie. Alors, quoi de plus beau partage que de lui offrir une parcelle de cette vie à travers l’image photographiée. L’enfant arrive à s’identifier facilement dans les photos d’enfants de son âge. Qu’il soit dans la classe ou dans la cour de récréation, j’ai constaté qu’il contemple les choses autour de lui et laisse vagabonder ses yeux en quête d’aventure. Son apprentissage passe donc grandement à travers son 'regard' et ses émotions.


Trouver sa place dans le système

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Néanmoins, on pourrait croire qu’un tel programme ne trouverait pas sa place dans un environnement éducatif aussi féroce que le nôtre où les enseignants se sentent pris dans cette course effrénée de succès académique. Et pourtant, j’ai vu certains y prêter foi ; ceux qui ont le bien-être des enfants à cœur et qui au fond d’eux-mêmes aspirent à une approche pédagogique qui se veut à l’écoute de l’enfant. J’ai aussi remarqué qu’à travers l’utilisation de l’outil photographique, les enseignants ont été satisfaits des résultats obtenus par les enfants et de surcroît, des avantages qu’ils en ont tirés eux-mêmes au niveau de leur développement personnel et professionnel. Je me souviens encore du sourire sur le visage de cette enseignante en voyant écrire des élèves qui, au début du programme, montraient des difficultés évidentes à l’écrit. Je me souviens aussi de cette autre enseignante qui me faisait découvrir fièrement les outils développés avec ses élèves, comme consolidation de l’apprentissage. J’ai ressenti une sérénité parmi les enfants et les enseignants, et cela m’a aidée à croire davantage à ma vocation d’enseignante.


Pendant ma participation à l’un des ateliers de travail, j’ai moi-même été surprise de l’engouement d’un petit bonhomme de Grade 2 au programme, alors que d’ordinaire il présentait des difficultés d’attention et de comportement durant les classes dites normales. Assise à côté de lui, il me faisait découvrir les cartes d’alphabétisation en identifiant et nommant les objets, les personnages et les animaux se trouvant dessus. Son petit camarade, ayant les mêmes difficultés, arrivait à mon grand étonnement à dire certaines syllabes que je lui présentais. Je découvrais des valeurs, que je ne leur connaissais pas jusque-là, telles que le partage, le respect et l’appréciation du travail de l’autre, la patience d’attendre son tour pour s’exprimer et le calme. L’expression de joie sur mon visage témoignait de mon admiration et de ma satisfaction devant les fruits du programme.


Être à l’écoute de l’enfant

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Ma formation holistique avait pour but de valoriser l’apprenant dans sa globalité avec son vécu, ses besoins et ses intelligences, et de lui permettre de s’exprimer et d’être écouté. Cependant, cela n’a pas toujours été le cas, selon mon observation. J’ai perçu de la tristesse et de la frustration dans les yeux de certains enfants qui n’étaient pas écoutés. J’avais l’impression qu’au fond d’eux, ils ressentaient le besoin de pousser un cri : d’appel à l’aide, de demande d’attention, de compréhension et de réconfort. Mais, ce cri se mourait à l’intérieur.

Pour les enseignants qui sont à l’écoute, que font-ils du cri qu’ils entendent? Je suis d’avis qu’ils doivent le valoriser et lui donner une suite, parce qu’un enfant qui ne sait pas qu’on l’écoute et qu’on le comprend, se ferme sur lui-même et nourrit une frustration, qui pourrait empêcher une construction saine et positive avec l’enseignant et ses petits camarades.


J’ai été fascinée par l’effort et la volonté investis par les intervenants formés à l’outil de Jeux de Regards, dans les ateliers de travail pour être à l’écoute de l’enfant. L’apprentissage se faisait en deux groupes principaux et éventuellement en petits groupes selon les besoins de l’enfant, ce qui recentrait les efforts plus efficacement. Cette différenciation pédagogique permettait aux élèves d’avancer à leur rythme dans l’apprentissage de la langue française. Quel bel exemple d’écoute et de respect de l’individu pour mieux répondre à ses attentes et à ses besoins! J’ai observé que l’enfant comprenait que faire des erreurs faisait partie du processus et qu’il n’y avait rien de frustrant à en faire. Il apprenait à faire confiance à son enseignant et à l’écouter. D’ailleurs, j’ai senti que c’est ce qui lui permettait de percevoir les acteurs de son entourage scolaire comme des alliés durant l’apprentissage. Je me souviens de ces quelques élèves qui avaient un langage du corps beaucoup plus ouvert et franc avec les intervenants pendant la session de Jeux de Regards, que pendant les autres classes.

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Bien évidemment, un lien se crée entre l’élève et l’intervenant et un climat de confiance s’installe petit à petit pour mieux avancer ensemble. Comme nous le témoigne Pricille, une enseignante d’une école primaire des hauts plateaux : « A travers les ateliers de connaissance de soi et d’expression des émotions, j’ai appris à connaître mes élèves et à découvrir leurs talents. J’ai aussi noté qu’à travers les ateliers leur offrant un espace de créativité (la peinture, le découpage, le coloriage et les jeux de mimes entre autres), ils sont motivés et veulent participer. Cela leur permet de briser leur timidité et de dépasser leurs peurs, ce qui leur laisse une place pour l’apprentissage ».


Un souffle d’espoir pour l’avenir de l’éducation

Je parle d’espoir parce que j’ai effectivement vu un accompagnement de l’élève dans son apprentissage à travers Jeux de Regards. Le programme aide à se centrer sur l’individu et s’avère être constructif aussi bien pour l’enfant que pour l’enseignant. A travers Jeux de Regards, l’éducation devient moins fragmentée, moins limitée et moins systématique, et a du sens parce qu’elle reste connectée à l’environnement naturel et culturel de l’enfant. Les images de l’outil en témoignent.


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Jeux de Regards pose un regard frais sur chaque élève, reconnait sa différence et le laisse s'épanouir. J’ai aussi vu que l'élève sent qu’on croit en lui et en ses capacités, peu importe son niveau et son type d’intelligence. Il est écouté et non pas juste entendu. Il sait que ses propos sont pris en compte. Il voit son travail accompli et il l’apprécie. Par la suite, ce sont ses enseignants, ses camarades et ses parents qui le valorisent et l’encouragent parce qu’il réussit. J’ai vu le programme rassembler des gens de divers horizons dans un monde quelque peu individualiste.


Dans cette perspective humaniste, Sandra une enseignante partage sa réflexion: « Lanfaz plase bokou lor mo ‘REGAR’. Jeux de Regards aprann bann zanfan dekouver zot lidantite, pou ed zot apresie zot valer, zot talan ek zot kreativite pou fer zot realiz zot rev. Sa ed zot osi amenn enn nouvo REGAR lor zot fami, zot lantouraz, ek zot kominote. Me osi enn nouvo REGAR lor lemond kot zot dekouver plizir zanfan, plizir kiltir ek talan. Les Jeux de Regards inn amenn osi enn nouvo form de pedagozi pou developman konple de bann zanfan ».


Je trouve merveilleux que Jeux de Regards ne s’arrête pas juste à l’enceinte de l’établissement scolaire. Certes, il contribue à rendre les heures passées à l’intérieur de cet espace de vie, plus agréables pour les petits et les adultes. Mais, il permet également un temps de réflexion et d'introspection à l’enfant et à l’enseignant. J’ai senti qu’ils sont plus posés dans leurs esprits et dans leurs cœurs. Les ateliers leur permettent de réfléchir sur eux-mêmes et sur leur entourage, de se poser des questions et de faire le point pour avancer avec plus d’assurance à travers la vie.


Avoir été témoin de ce programme m’amène à dire qu’il n’est pas juste question de s’approprier la façon de faire de l’autre, mais qu’il est essentiel que les enseignants puissent poursuivre ce qui s’avère véritablement bénéfique pour l’enfant, même s’ils ne sont encore qu’un petit groupe à ouvrir leurs cœurs à cette nouvelle manière d’enseigner. Il suffit d’y croire et de persévérer. C’est ainsi qu’on change notre monde… chacune de nos gouttes d’eau aide à remplir cet océan d’espoir.


Comme en témoigne Nadine, une maman d’élève : « Les bénéficiaires du programme sont souvent des enfants qui côtoient la pauvreté tous les jours… Jeux de Regards donne de l’arc en ciel à leur vie. Ce projet revalorise l’adulte de demain ». Et surtout, l’enfant n’oublie pas d’être un enfant. Il apprend en jouant, il y prend du plaisir, il est heureux.


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