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'Mo ti pe reve' 10 ans après.

  • Sidina
  • 1 juil. 2021
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 22 août 2021


Mo ti pe reve’ est un film-photo qui met en images les rêves d’un groupe d’enfants du village de Bambous, île Maurice. ‘Mo ti pe reve’ est l’aboutissement de longues heures de travail à travers des ateliers de dessin, de peinture, d’écriture corporelle, de photographie, de réflexion et de partage dans le cadre d’un projet pédagogique étalé sur l’année scolaire. Avant de se projeter, de parler de leurs rêves et de les représenter en photo, 90 enfants ont pu participer à des sessions sur le thème de la connaissance de soi et des autres. Les ateliers ont été animés par des professeurs, des photographes, des auteurs et des artistes mauriciens.


La finalité du travail de groupe a d’abord été une exposition des portraits en rêves de tous les enfants au Caudan Waterfront et à l’entrée du village de Bambous sur les grilles de l’église Saint Sauveur, comme le témoignent les photos ci-dessous. Ils ont accueilli les croyants qui se sont rendus à l’église et les passants de la région, et ont ainsi pu être vus différemment sans le voile de préjugés que la société pose sur eux. Les liens tissés par les professionnels ont permis aux enfants de se construire dans la diversité.


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La sensibilité d’une telle démarche se fait sentir tout au long de la vidéo ‘Mo ti pe reve'. On y voit les enfants parler, rigoler, bouger, jouer, écrire, dessiner, se perdre dans leur imagination et se mettre en scène pour la photo. ‘Mo ti pe reve’ est un projet qui a permis à ces enfants d’être auteurs de leurs histoires et de les présenter aux autres. La vidéo est pleine de couleurs, de fantaisie, et transporte les spectateurs d’un rêve à l’autre. Un monde de rêves où les enfants ont été invités à créer librement. C’est d’ailleurs cette liberté qui amène l’être à se sentir vivant.



10 ans après, que sont devenus ces enfants? Trois d’entre eux nous partagent quelques fragments de leurs chemins de vie en faisant un passage incontournable par l’aventure ‘Sidina’, d’où ils ont eu, comme intervenante, Karine Gougerot.

Stessa, Mannequin à Hollywood

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Stessa a 21 ans. Elle commence les ateliers de Sidina à l’âge de 11 ans. L’émotion est palpable dans sa voix, lorsqu’elle nous raconte ces quelques pages de ce passé qui l’a profondément marquée :


« Je garde de merveilleux souvenirs des classes de Sidina qui se tenaient les samedis dans la salle d’œuvre de l’église de Bambous. J’attendais impatiemment toute la semaine. C’était comme une fête, une superbe rencontre tous les samedis. Plein de matériels et de matières étaient mis à notre disposition pour les différents ateliers. Je me rappelle des beaux livres, des belles choses que nos parents ne pouvaient pas se permettre de nous offrir. C’était fascinant. Pour nous, parler le créole faisait partie de notre quotidien; même les enseignants à l’école nous parlaient en créole. Les ateliers de Sidina se faisaient uniquement en français et cela représentait un bon moyen d’apprendre la langue, de la pratiquer et de la développer. J’avais ainsi moins d’appréhension parce que j’étais encouragée. Je m’entrainais à parler le français à la maison et à l’école. »


Toujours prise dans l’émerveillement de ses souvenirs, Stessa révèle ce qui l’a le plus marquée : l’amour, l’attention et le temps investis par son intervenante. Elle poursuit humblement : « Nos parents travaillaient d’arrache-pied pour tenir la maison et avaient difficilement du temps à nous consacrer. Nous étions des enfants pauvres. Notre intervenante croyait en nous. Le regard, posé sur nous, était différent. Il était axé sur notre futur et il ne s’arrêtait ni à mon apparence ni à d’où je venais. Elle voyait l’enfant que j’étais et voilà. Pour Sidina, tous les enfants ont un potentiel et ils étaient invités à ‘croire en leurs rêves’. Cette aventure a été un véritable cadeau du ciel et j’en serai toujours reconnaissante envers Dieu ».

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Stessa finit par dire, le sourire dans la voix, qu’elle rêvait de devenir Mannequin à Hollywood, et que ses photos ont été affichées un peu partout sur l’île. Stessa était fière le jour de l’exposition des photos grand format au Caudan Waterfront et quand le film ‘Mo ti pe reve’ a été diffusé au cinéma Star en avant-première du film Harry Potter, il y a 10 ans.


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Elle s’est sentie transformée et elle s’est dit que rien n’est impossible. « Mes parents ont été surpris, reconnaissants et contents de l’opportunité offerte par Sidina », se souvient-elle.




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En grandissant, Stessa retient la phrase ‘croire en ses rêves’ qui va la guider dans la vie. Moment de nostalgie. Stessa revoit les photos d’autrefois et réalise à quel point cette aventure lui a permis d’avoir confiance en elle et de se préparer pour son futur :

« Aujourd’hui, j’occupe un poste à responsabilité dans une agence immobilière sud-africaine. Je crois fermement en mes rêves. Sidina ne nous a jamais laissé tomber et m’a marquée pour toujours. Je souhaite cette même aventure à ma fille. »


Stessa est sur une belle lancée : elle continue à avancer sur ce podium qu’est la vie et à briller à sa manière.




Avtar, Spiderman

Après la star d’Hollywood, faisons la connaissance d’Avtar dont le rêve était de devenir Spiderman. Il a commencé les classes de Sidina à l’école primaire de Bambous A et a ensuite poursuivi dans la salle d’œuvre prêtée par le Père Piat pendant de longues années pour la réalisation du projet.


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Tout comme Stessa, il décrit son engouement vis-à-vis de ces classes qui ont attisé sa curiosité. Avtar en garde de magnifiques souvenirs. Il va nous dévoiler comment le travail, accompli à travers ce projet pédagogique, lui a permis de se développer. Il avoue qu’il était un petit garçon renfermé qui avait des difficultés à être avec les autres. Les ateliers lui ont permis de vaincre sa peur et de se rapprocher de son entourage, sans jugement. D’ailleurs, son plus grand souvenir c’est de s’être lié d’amitié avec le groupe. Il parle d’harmonie, de respect et d’affection : « Nous ne faisions pas juste partie d’un groupe de travail, mais nous étions devenus une famille. J’y ai appris que la couleur de peau ne définit pas ta personnalité. Il n’y avait pas de racisme, pas de bagarres ni de mots déplacés durant nos ateliers. Et, je trouve que cela a été pour nous une façon saine d’acquérir les bases d’un bon citoyen ».


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Avtar reste fidèle à son personnage en rêve. À l’instar de Spiderman, il continue de jongler entre fils et toiles. Il nous fait part qu’il aimerait de tout cœur relier les fils tissés auparavant avec tous ses camarades de classe de Sidina pour un nouvel échange sur leurs toiles de vie. Il est déjà en contact et entretient une relation amicale avec certains d’entre eux.


Le travail de groupe leur a certes été bénéfique. Non seulement ont-ils développé leur langage en s’exprimant, mais ils ont également fait de fantastiques découvertes et appris à créer des choses tout en s’amusant. Avtar a tout gardé : ses cahiers d’écriture, de collage, de dessin, de peinture et de coloriage, les nombreux posters, les carnets et calendriers de photographie. Ce qui est frappant c’est qu’ils sont tous en bon état.



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« Je pense que la photographie joue un grand rôle dans la vie de tout un chacun. Par exemple, elle nous aide à revivre le passé, les souvenirs d’enfance, à revoir les lieux visités et à raviver des sentiments d’autrefois. Elle nous permet également de connaître qui et comment nous étions auparavant. Bref, c'est pour cela que j’ai tout gardé », avoue-t-il tout sourire. Cela démontre que la photographie crée le pont entre ce qui était, ce qui est et ce qui sera.


À la question : ‘Et si c’était à refaire ?’, il répond de suite ‘oui’. Il décrit cette aventure humaine de magique, d’inoubliable et termine sur ces notes de gratitude : « J'ai juste envie de remercier mon intervenante du fond du cœur. Elle a apporté de la joie dans la vie de chacun de nous ».




Nicoletta, Première Ministre et bien d’autres

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« Je ne remercierai jamais assez l’association Sidina de m'avoir donné une enfance avec pleins de papillons et de m'avoir aidée à devenir une jeune femme forte qui a confiance en elle », nous affirme Nicoletta qui se voyait, quant à elle, dans la peau de plusieurs personnages : première ministre, chanteuse, actrice, hôtesse de l’air et le plus important à ses yeux, Cendrillon.


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Celle, qui a un jour rêvé de se retrouver dans les beaux souliers en cristal de la princesse, évolue aujourd’hui dans le domaine de la chaussure où elle fait ses preuves auprès de sa clientèle. Petite anecdote qu’elle nous partage : un jour, une cliente déçue a voulu retourner un article acheté lors d’une promotion. Cela n’est normalement pas acceptable par le magasin. Nicoletta a su gérer cette situation avec calme et a même récolté un compliment de la part de cette même cliente.






Comme ses autres camarades, Nicoletta nous transporte vers ce passé qui l’a aussi aidée à se définir. En fait, elle a toujours aimé la langue française, mais il lui manquait la pratique. Elle témoigne que l’aventure Sidina lui a permis de parler, d’échanger, de développer son vocabulaire et d’avoir le courage et la confiance dont elle fait preuve aujourd’hui dans sa vie, que ce soit au travail ou à la maison.


Tout comme Avtar, Nicoletta a gardé ses travaux de Sidina. Elle explique comment ils ont créé ensemble une petite histoire intitulée ‘Les Sirandanes de Segala’. Cela s’est fait après les heures de classe. Elle se remémore les endroits visités pour aller faire les photos, par exemple, à la plage de Flic en Flac et à Pamplemousses entre autres.


Plus encore, elle se souvient de ses leçons sur la phonétique, les syllabes et les différents sens de l’être humain entre autres choses. Elle a prêté attention aux détails et elle les décrit facilement. Elle exprime comment les participants ont été amenés à choisir un sens, par exemple la vue, et se sont fait photographier les yeux. Cela a été, pour elle, une façon agréable d’apprendre. Sans prétention aucune, tout cet apprentissage a, en partie, contribué à poser les fondations qui lui ont valu le premier prix à une compétition littéraire au niveau inter collège régional, des années plus tard.


Bien qu’elle fût une bonne élève, Nicoletta, ayant en tête qu’elle pouvait toujours mieux faire, a vu en ces ateliers une opportunité pour s’améliorer au niveau académique.


« Sidina offre une façon de s’exprimer à travers la photographie, explique-t-elle, mais le programme pédagogique ne s’arrête pas qu’à la photographie et dévoile ses bienfaits sur la personnalité ». Selon ses propos, elle a acquis d’autres outils qui lui permettent aujourd’hui de rester forte et sûre d’elle-même, face aux soucis et aux phases difficiles de la vie. Elle a aussi développé sa créativité qu’elle met en pratique au boulot et dans sa vie personnelle. Par exemple, elle s’amuse à faire des peintures murales chez elle.



Aujourd’hui, lorsqu’elle revoit les photos, Nicoletta ressent une grande joie. « On dirait bien que j’ai eu une enfance magique, une enfance bien encadrée. Il n’y a pas beaucoup d’enfants qui ont cette possibilité de s’épanouir pleinement ». Nicoletta admet que cela lui a fait un peu bizarre de se voir pour la première fois en vidéo, et que tout le monde regarde ! Elle explique qu’elle a eu un DVD du film et que ses parents, surtout sa maman, ont été fiers d’elle. « Elle a prêté le DVD à toute la famille et elle me disait souvent ‘Gett premie minis’, car c’était l’un de mes rêves », lance Nicoletta sur une note nostalgique.


« Je crois que le rêve est une fonction vitale. Quelque chose me dit que si on nous empêchait de rêver, nous mourrions. »


Belle citation de Daniel Pennac, écrivain français et auteur du livre ‘La loi du rêveur’. En invitant ces enfants à s’exprimer librement sur leurs rêves, Sidina leur a permis de se sentir vivants et d’avancer en accord avec leurs fors intérieurs. C’est d’ailleurs ce que font Stessa, Avtar et Nicoletta qui nous ont démontré, à travers leurs témoignages, à quel point ils ont été soutenus par Sidina.

Dès lors, ils avancent vers leurs rêves, vers l’être en devenir, avec Sidina toujours dans le cœur.


Note : ‘Mo ti pe reve’ : Je rêvais. Mon rêve.


Krystel Joseph Duval

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